Début de notre série sur les bienfaits du vélotaf, avec un focus sur les bienfaits en matière de santé.
Vous l'avez sûrement déjà entendu, le vélotaf, c'est bon pour la santé. Toutefois, parfois certaines inquiétudes perdurent, ou bien l'intensité des bienfaits du vélotaf est minorée. Voyons ensemble, études scientifiques à l'appui, les bienfaits réels du vélotaf, au-delà des a priori et des approximations.
Les bénéfices intrinsèques pour la santé
Pour analyser les effets bénéfices intrinsèques du vélo et les quantifier, intéressons-nous tout d’abord à une étude publiée par l’université de Glasgow dans le British Medical Journal. Il s’agit d’une étude de grande ampleur, avec plus de 260 000 participants suivis sur plusieurs années, qui a été menée au Royaume-Uni afin d’étudier l’impact du vélotaf sur la santé.
Le graphique ci-dessous affiche les ratios de sinistralité pour une population qui privilégie des déplacements actifs à vélo, rapportés aux ratios de sinistralité d'une population aux déplacements inactifs. Les ratios de sinistralité correspondent à l'occurence de l'un des 2 types de maladies surveillées lors de l'étude (cancer, maladie cardio-vasculaire), ou l'une des 3 causes de décès (cancer, cardio-vasculaire ou autre). La référence retenue est de 100% pour la population utilisant des déplacements inactifs.
Les chiffres partagés lors de l'étude indiquent une baisse très nette de la sinistralité observée sur la population utilisant des moyens déplacement actifs à vélo, que ce soit pour les maladies cardio-vasculaire, les cancers ou même les décès toutes causes.
A noter, si vous hésitez encore entre la marche et le vélo pour vos déplacements urbains, sachez que les effets positifs de la marche sont beaucoup moins marqués, voire quasi-nuls concernant les décès toutes causes et les cancers. De plus, dans les observations d’autres marqueurs de santé, il apparaît que la marche permet certes de faire davantage d’exercice physique, mais ne permet pas d’avoir une capacité cardio-respiratoire meilleure que quelqu’un qui ne pratique pas d’activité physique.
Et la pollution dans tout ça ?
Beaucoup de craintes, légitimes, existent à ce sujet : faire du vélotaf a-t-il du sens dans un milieu urbain pollué, notamment aux particules fines ? En effet, la pollution a un effet néfaste établi sur la santé. Citons par exemple cette étude publiée par l’Energy Policy Institute at the University of Chicago. Afin d’y voir clair, les auteurs de l’étude ont construit un indicateur permettant de comprendre de façon pragmatique les effets de la pollution avec un barème de comparaison basique
On y constate que la pollution, à l’échelle mondiale, est la menace la plus importante en matière d’espérance de vie pour la population humaine. C’est donc un risque bien réel, qu’il ne faut pas minimiser. Si l’on en revient au vélotaf, la question se pose donc naturellement de la surexposition supposée à la pollution en faisant du vélo, souvent dans des centres-villes pollués.
L’exposition à la pollution
Vérifions tout d’abord si un cycliste est plus exposé que les autres usagers pour un déplacement en centre ville, grâce à une étude publiée par l’Université de Leeds en 2016.
L’étude compare, grâce à des capteurs de haute précision, les différents modes de transports pour se rendre d’un point A à un point B en centre-ville. On apprend ainsi que
L’étude souligne également que
Les effets selon l’intensité de la pollution
Intéressons-nous ensuite à l’effet absolu de la pollution sur l’activité physique et notamment le vélo. En effet, même s’il reste le meilleur moyen d’éviter la pollution pour ses déplacements, il est important de savoir si les pics de pollution par exemple peuvent rendre l’activité physique dangeureuse.
Une étude publiée par plusieurs chercheurs européens s’est penchée sur le sujet en analysant l’impact de la pollution aux particules fines sur l’activité physique, en comparant les bénéfices apportés aux effets néfastes de la pollution.
L’indice retenu pour la pollution est celui de la quantité de particules fines '<' 2,5μm (PM2.5 pour les intimes, plus d’infos ici), dont le niveau maximal en moyenne annuelle est fixé à 25 μg/m3 par l’UE. L’indicateur retenu pour la santé sont les décès toutes causes.
Ainsi, d’après les conclusions de l’étude, dans une ville où la pollution par les particules fines est dans la moyenne urbaine observée dans le monde (22 μg/m3, inférieur à la valeur limite annuelle fixée par l’UE), l’
Et les accidents ?
Le cycliste partage la route avec d’autres usagers, et est, dans l’absolu, plus exposé que certains d’entre eux aux accidents grave puisque les protections sont réduites. Si les études citées précédemment incluent cette dimension en prenant en compte la mortalité toutes causes, y compris accidents donc, nous pouvons, afin d’y voir plus clair sur cette composante, nous intéresser à une étude de l’Observatoire régional de santé Île-de-France. Cette étude, dès 2012, tentant d’anticiper les évolutions liées au vélo, en prenant en compte l’évolution des modes de transport et en vérifiant l’intérêt du développement du vélo en Île-de-France.
On constate donc que dans les divers scénarios projetés, les ratios bénéfices / risques sont largement en faveur de l’augmentation de la part modale du vélo. Les épisodes récents de grêve (décembre 2019) et la survenue de l'épidémie de covid-19 ont eu pour effet d'accélerer le développement des infrastructures cyclables (notamment les "corona-pistes"), et permettent donc d'augmenter la part modale du vélo. A l’aube des années 2020, on ne peut que constater que les scénarii 2 et 3 n’ont pas encore été atteints, et qu’il est nécessaire d’œuvrer encore et au plus vite pour y remédier.